Entre valeurs et croissance, le commerce équitable en question

Auteur: admin

Le visage du commerce équitable a beaucoup évolué ces 2 dernières années. Des nouveaux entrants sont en train d’assurer un business juteux sur la base de nouvelles pratiques pouvant mettre en péril l’essence même du commerce équitable. En effet, les distributeurs ont lancé leurs propres marques, du MDD dit équitable, exhibant de nouveaux labels privés moins exigeants, propriétés de l’industrie agroalimentaire, en quête de croissance. Sur le terrain, le recours aux contrats et aux agricultures de plantations bouleverse le schéma initial dont la vocation première était quand même d’accompagner au Sud l’organisation et l’autonomie des coopératives des petits producteurs. Aujourd’hui, avec ces majeurs arrivés sur le marché du commerce équitable, qu’en est il de la garantie d’un prix minimum et d’une prime de développement, des engagements à moyen terme, des appuis techniques pour aider à la professionnalisation de la filière ?

Les précurseurs, les pionniers, ceux qui ont construit le concept du commerce équitable voient presque l’activité commerciale leur échapper. Et les consommateurs dont la sensibilisation est grandissante, des particuliers aux professionnels (le café équitable est présent désormais dans les machines à café des bureaux) se perdent dans les dédales des labels et mentions, à défaut de n’avoir pas pu réunir tous les acteurs en 2005 autour d’une norme Afnor.

Il est vrai que le deal du développement du commerce équitable est soumis à un équilibre fragile pour être durable : comment augmenter les volumes pour permettre d’assurer une juste rémunération au sud sans y perdre ses valeurs ?

Pour accompagner cette réflexion je vous invite à découvrir « le commerce équitable en question » de Sylvain Allemand, aux éditions Les Carnets de l’info, décembre 2008. Et pour aller plus loin, vous pouvez également participer au débat, et rencontrer l’auteur Sylvain Allemand et les fondateurs d’Ethiquable (Stéphane Comar, Christophe Eberhart,et Rémy Roux, les fondateurs d’Ethiquable, ont apporté leur témoignages dans cet ouvrage) :

  • Le samedi 20 décembre de 13h à 15h aux Galeries Lafayette Maison (Niveau -1) (35 Boulevard Haussmann, Paris 9. Métro Havre-Caumartin ou RER Auber. Station Vélib’ au 12 rue des Mathurins)
  • Le mardi 6 janvier de 18h à 19h à la librairie La Galerne au Havre (148 rue Victor Hugo)
  • Le vendredi 23 janvier à 17h30 à la librairie Kléber à Strasbourg (1, Rue des Francs Bourgeois)

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Vous achetez des produits issus du commerce équitable ? Quel type de produit ? Juste de l’alimentaire ? Faites nous partager vos bons plans…

4 réponses à “Entre valeurs et croissance, le commerce équitable en question”

  1. Abonéobio dit :

    Nicolas > il ne s’agit pas de semer la discorde. Il s’agit de mon avis et non celui de l’auteur. Vous représentez le label Max Havelaar qui a construit une réelle visibilité aux yeux des consommateurs et je comprends que vous soyez attaché à le défendre. Mais aujourd’hui on voit fleurir sur les produits d’autres labels ou mentions, tels que Bio équitable, ESR la nouvelle certification d’Ecocert Equitable, solidaire et durable, FTO Fair trade organisation, fibre citoyenne, Ensemble pour plus de sens, FGP, …Rainforest Alliance, UTZ,certified et CCCC le common code for the coffee community … Chacune de ces démarches ayant des fondements propres et des cahiers des charges aux revendications différentes, s’appuyant sur des approches de matières premières comme Max Havelaar ou des approches filières comme ESR, des approches exploitations comme FGP ou encore des approches organisations comme fair trade organisation, et avec des niveaux d’implications et de garanties aussi différents.. . En se plaçant du coté du consommateur, sans être expert, avouez qu’on peut s’y perdre non ?

    En ce qui concerne les ventes, l’essentiel se fait actuellement en grande surface, à vérifier mais je crois de mémoire que c’est de l’ordre de 80 %, or en grande surface personne ne renseigne précisément le client. Je partage évidemment cet avis qui vise à choisir pas seulement son produit mais aussi son distributeur 🙂

  2. Nicolas dit :

    Bonjour,

    Les mentions que vous citez existent en effet, mais si vous vous placez du point de vue du consommateur pour parler de commerce équitable, la réalité est telle que je vous l’ai décrite: simple.

    Les autres référentiels que vous citez sont pour la plupart des codes de conduite environnementale ou sociale. Parmi ceux-ci, aucun ou presque ne se revendique du commerce équitable (à l’exception de FTO qui est la reconnaissance de l’IFAT et qui n’est généralement pas visible sur le produit final, la marque de Biocoop qui recouvre en partie notre label, et ESR que j’ai déjà cité). Ce n’est pas la même chose.

    Une norme Afnor aurait-elle apporté plus de clarté? Oui, si elle s’était imposée d’un point de vue international – mais on est dans un fantasme typiquement français où la France est en mesure d’imposer au monde sa façon de voir les choses. Non, si elle reste en France, et que la Belgique, l’Italie, le Royaume-Uni, les Etats-Unis, le Mexique, le Sénégal font aussi leur propre norme et qu’elles ne sont pas compatibles entre elles.

    Ensuite, s’il existe une ambiguïté pour le consommateur, c’est pour faire la différence entre le commerce équitable et toutes les autres démarches de durabilité écologique ou sociale. Là, je reconnais que nous avons, vous comme moi, un gros travail à mener. On a commencé à le faire là: http://www.maxhavelaarfrance.org/-Bio-Equitable-Ethique-Comment-je-m-

    Bien cordialement,

    Nicolas

  3. Abonéobio dit :

    Nicolas > L’idéal effectivement serait d’arriver à harmoniser la démarche sur le plan international. Si je fais un comparatif avec la cosmétique bio, des initiatives sont en cours mais prennent du temps !

  4. Nicolas dit :

    Non. Vous avez tort de dire que les consommateurs « se perdent dans les dédales des labels et mentions, à défaut de n’avoir pas pu réunir tous les acteurs en 2005 autour d’une norme Afnor. »

    Je ne pense pas que ce soit ce qu’a voulu dire l’auteur de ce livre, tout simplement parce que ce n’est pas ce que pense quelqu’un d’intellectuellement honnête qui se penche sur cette question.

    Aujourd’hui, le commerce équitable, c’est extrêmement simple:

    1/ vous achetez un peu partout des produits portant le label Fairtrade – Max Havelaar (on peut aussi trouver les référentiels ESR ou Bio équitable, principalement en boutiques bio).

    2/ vous entrez dans un magasin du monde (comme en France Artisans du Monde, Alter Mundi ou Minga) où, plus souvent, vous trouverez en plus des interlocuteurs pour aborder les questions de solidarité internationale, de développement…

    Voilà. Le commerce équitable, c’est aussi simple que ça. Plusieurs mouvements complémentaires avec une diversité d’approche (on appelle ça la démocratie). Pas de dédale de labels et de mentions, à part dans un ou deux esprits dérangés qui cherchent à compliquer les choses ou à semer la discorde.

    On en discute quand vous voulez.

    A bientôt,

    Nicolas