En appliquant une crème sur le visage vous ne pensiez pas mettre de l’huile de foie de requin, et pourtant le squalène, émollient de qualité, est présent dans bon nombre de crèmes hydratantes, dans les anti-rides, les crèmes minceurs et même les vaccins. L’association bloom dénonce le prix hideux de la beauté avec une enquête sur le marché de l’huile de foie de requin profond. Le business est juteux , ce squalène est négocié à des prix très élevés (12 à 15 dollars le kilo, jusqu’à 25 € en 2008), pour fournir les secteurs de la cosmétique et des compléments alimentaires. Alors qu’il existe aussi du squalène (lipique hydrocarboné) issu du règne végétal (plantes et fruits et surtout extrait des olives) pourquoi aller chercher celui des requins ? Tout simplement parce qu’il s’y trouve à l’état naturel dans des proportions plus importantes (40 à 80 % pour les espèces de grands fonds entre 200 et 4000 mètres). La qualité suprême des huiles de foie de requin serait celle du squale-chagrin commun (Centrophorus Granulosus), désormais en voie d’extinction dans l’Atlantique Nord-Est. A ce jour, aucune étude a été menée pour identifier les sources d’approvisionnement, connaitre les volumes mis sur le marché et les mieux cerner les utilisations. Face à l’absence de déclaration concernant le marché du squalène, l’association Bloom a mené l’enquête auprès de pêcheurs et producteurs d’huile de squalène et estime que plus de trois millions de requins profonds, espèces vulnérables, sont capturés dans l’année pour alimenter ce marché de la cosmétique ! Cela représente à 2000-2200 tonnes dont 90 % serviront aux produits de beauté (on parle alors de squalane : la forme purifiée, hydrogénée et désodorisée du squalène) et la demande progresse de 3 % par an.
Le squalane se négocie entre 20 et 35 000 dollars la tonne en fonction de son origine. Après le « finning » (découpe des ailes de requins vivants et rejets dans la mer), on assiste désormais au « livering » (prélèvement des foies et rejet de la carcasse) sur des requins issus de pêches ciblées et non de captures accidentelles !. Le squalane de requin est meilleur marché que celui d’origine végétale (30 % plus cher) du coup, certains négociants n’hésitent pas à frauder en écoulant du squalane de requin sur le marché en le faisant passer pour une provenance végétale, trompant ainsi de grandes marques de cosmétiques et les consommateurs avec !. Donc en tant que consommateur final, si vous voyez l’inscription squalène / squalane sur votre produit de beauté, vous aurez beau vous poser la question de son origine (végétale ou animale), vous n’en saurez rien, la réglementation en vigueur ne contraint pas le fabricant à mentionner l’origine du squalane (issu de requin ou d’olive) dans l’étiquetage (Directive du Conseil 76/768/CEE). On se rassurera en apprenant qu’en Europe la part de squalane d’origine végétale serait majoritaire (fin 2010 elle était estimée à 30 – 40 %) contrairement au marché japonais où il est quasi absent. Autre option, choisissez des cosmétiques qui ne contiennent pas de squalane, comme la sélection de cosmétiques bio Coslys proposés par aboneobio.
- Pourquoi le squalène ?
- Pendant la seconde guerre mondiale, il a été utilisé par les Japonais comme lubrifiant dans l’aéronautique car résistant à des pressions et températures extrêmes (- 55°C à + 203°C ), mais aussi pour les montres et les thermomètres. A ce jour 90 % du marché de l’huile est destiné à la cosmétique, 9 % à la nutraceutique (alicaments), et 1 % autre.
- Pourquoi le squalane ?
- Depuis les années 60, le squalane (forme purifiée, hydrogénée et désodorisée) entre dans la fabrication de nombreux cosmétiques tels que les crèmes lavantes, les rouges à lèvres, les laits et crèmes hydratantes, les crèmes anti-rides, les laits minceurs, …Il a l’avantage de faciliter la pénétration des autres principes actifs d’une formulation, tout en hydratant et sans rester collant. Un bémol toutefois si on regarde la contamination possible : les métaux lourds et polluants organiques persistants se fixent particulièrement dans la graisse des grands prédateurs (accumulation du fait de la chaine alimentaire) et une étude japonaise avait démontré la présence de taux élevés de PCB dans des gélules de squalène et d’huile de foie de requin. Heureusement, depuis les années 90, il existe une production alternative de squalane à partir de sources végétales (issue de résidus végétaux d’olives, d’amarante, de palme, de riz, …)
- Qu’en est il du recours au squalane des groupes cosmétiques ?
- Interrogés en 2008 par l’ONG Oceana sur leurs pratiques, Unilever, L’Oréal, Beiersdorf, LVMH, Henkel, Boots, Clarins, Sisley et La Mer (une marque d’Estée Lauder) se sont engagés à l’époque à ne plus ou ne pas en utiliser (voir rapport). Deux ans plus tard, l’association Bloom a relancé la question par mail auprès des grands groupes cosmétiques (Procter &Gamble, L’Oréal, Unilever, Shiseido, Beiersdorf, Estée Lauder, Johnson & Johnson, Limited Brands, Mary Kay, Yves Rocher, Oriflame, Natura). Beiersdorf, Oriflame et Yves Rocher affirment n’avoir jamais utilisé de squalane à base de requin. L’Oréal déclare ne plus en utiliser. « Procter & Gamble admettait en utiliser encore dans une minorité de produits tout en soulignant ses efforts pour en éliminer complètement l’usage ». Les autres n’ont pas répondu. Les études menées par l’association montre un recours important au squalane issu de requins (en 2010 cela représentait 60 à 70 % du marché de la cosmétique). Le squalane végétal à une coût de production plus important (seul 0.6 % de squalène dans l’huile d’olive par exemple). Depuis 2011 il existe une technique fiable qui permet de déterminer l’origine du squalane et d’en déceler les fraudes. Ainsi les tests réalisés par un laboratoire Français du CNRS (Service Central d’Analyse (SCA)) et publiés fin 2011 démontraient que » sur huit crèmes achetées en pharmacie contenant du squalane, seule l’une d’entre elles contenait du squalane végétal et était étiquetée comme telle. Une autre contenait un squalane d’olive de pureté moindre et les six autres du squalane de requin, parfois mélangé avec un peu de squalane d’olive ». Potentiellement toutes les crèmes hydratantes peuvent avoir du squalène, par exemple sur la crème Kiehl’s (Cryste Marine) ou la Roche Posay (Tolériane). (Je rappelle qu’il n’en a n’a pas dans les produits Coslys sélectionnés par aboneobio).
En France le négociant de squalène est Sophim. Elle se présente comme le 1er producteur de squalène et squalane mondial, avec aujourd’hui une part de squalane d’origine animale annoncée comme très minoritaire. Pourtant selon l’association Bloom, sur son site internet en anglais Sophim annonce « acheter » et « avoir besoin » d’huile de foie de requin !.
Ces informations sont issues de l’étude de l’association Bloom le prix hideux de la beauté
3 réponses à “Du squalène de requins dans les crèmes de beauté”
@mostafa : c’est à dire?
Vous avez déjà une idée précise, ou vous connaissez les propriétés du produit?
c’est très intéressant
nje cherche des applications biocosmeto des feuilles d’olivier cactus arganier
nmercic
Dans les cosmétiques beaucoup de substances nocives qui pourraient déclencher une crise sanitaire : http://lesbrindherbes.org/2013/02/05/cosmetiques-une-crise-sanitaire-generalisee-et-silencieuse/