Les fausses bonnes idées environnementales

Auteur: admin

Agir en respectant l’environnement, voilà une devise que nombre de citoyens, consommateurs, entreprises et collectivités s’efforcent de respecter. Et pourtant, dans la pratique, nos actions sont aussi empreintes de paradoxes. De l’innovation technologique, au besoin de préserver sa santé, notre société est bercée de messages nous invitant à revoir notre manière de consommer, et parfois au détriment de l’essentiel. Retour sur trois exemples qui sont de fausses bonnes idées environnementales : le poisson c’est bon pour la santé ? oui mais à condition qu’il soit sain, et aujourd’hui ce n’est malheureusement plus le cas pour bon nombre de poissons commercialisés sur les étals. L’éthanol et le biodiesel dans le moteur de ma voiture pour ne plus consommer de pétrole ? Sauf que les cultures dédiées entrainent une catastrophe agricole. L’imprimante 3 D, chacun pouvant créer son objet en plastique ? Et une fois réalisée, si tant est qu’il ait pu servir à minima, on le jette, un déchet de plus, non recyclable. Regardons dans le détail ces 3 exemples pour mieux comprendre où l’incohérence nous guette.

Le poisson c’est bon pour la santé ?

Manger du poisson 2 fois par semaine nous disait on. Aujourd’hui les médecins revoient la copie. Nos océans sont pollués et les résidus finissent dans les estomacs des poissons, puis dans les nôtres. Particulièrement en ingérant les gros poissons gras qui accumulent les toxiques (cf Envoyé Spécial « Poissons, élevage en eaux troubles » ). La surpêche entraine la rareté de certaines espèces. Déjà 90 % de la biomasse des grands prédateurs a disparu, en 50 ans. Thons, baleines, requins, …sont en grand danger. Alors peut on se retourner vers les poissons d’élevage ? Aujourd’hui 43 % de tout le poisson consommé par les humains est issu de l’élevage. En France, 95% du saumon et de 80% des bars et daurades royales proviennent d’élevages. Nourris à coup de pesticides et autres substances chimiques, les poissons difformes sont découpés en filets, gorgés d’eau et infiltrés de sels pour augmenter leur poids. Dans les piscines d’élevages des fameux saumons de Norvège, un parasite sème le trouble. Pour éviter de perdre la marchandise, on ajoute un pesticide, le diflubenzuron, très nocif pour l’environnement, toxique pour les poissons, et dont on n’évalue pas l’impact sur la santé de l’homme !. Coté déjections, pas très rassurant non plus : une ferme de saumons qui compte 200 000 poissons libère une quantité de matière fécale aussi importante que les nutriments rejetés dans les eaux usées d’une localité de 65 000 personnes !. Les crevettes ? Très appréciées depuis quelques années, chaque année, les français en consomment 25000 tonnes. Sauf que pour construire ces fermes d’élevages, les éleveurs industriels ont condamné la mangrove en bordure de pacifique, et c’est tout l’éco système si riche, qui en pâtit. Au Sri Lanka, 74 % des communautés côtières dans des régions d’élevage de crevettes n’ont plus d’accès direct à l’eau potable, en raison des baisses de niveau et de salinité de l’eau potable. Au Chili, les conditions de travail dans l’industrie du saumon sont terribles : décès, bas salaires malgré des heures de travail, harcèlement sexuel,… Alors oui aux crevettes mais pas à n’importe quel prix ! Et n’oublions pas que pour nourrir ces poissons d’élevage, il est nécessaire de racler les fonds pour fabriquer la farine (15 kilos de poissons sauvages (réduit en farine) permettent de nourrir 1 kg de thon rouge). Reste la possibilité d’avoir son élevage de poissons dans le salon. Une pratique expérimentée aux USA, qui permet de faire grandir, en 9 mois, dans 35 litres d’eau, des tilapias, prêts à la consommation. Ou bien de continuer à acheter du poisson frais, mais en ne sélectionnant que le poisson bio via des labels tels que la certification ASC (Aquaculture Stewardship Council) qui existe depuis 2011 mais dont le consommateur ne voit aucun logo en rayon, qui garantit des conditions d’élevage respectueuses de l’homme et de la nature, MSC Pêche Durable (pêche durable de poissons sauvages), Food4Good, la première marque française Bio, (on en parle là http://www.femininbio.com/cuisine-recettes/actualites-nouveautes/trouver-poisson-non-toxique-73687), ou encore en allant dans des restaurants qui s’engagent pour une pêche durable (voir la liste des établissements http://www.fish2fork.com/ ), en soutenant l’association BLOOM qui agit pour la préservation de nos milieux marins…

Le bioéthanol ou biodiesel ? Une catastrophe agricole avec les cultures intensives

Ne plus dépendre du pétrole, et chercher une solution dans le végétal. Et voilà le biodiesel qui arrive dans nos pompes. En 2020, 10 % de bioéthanol (version essence) ou biodiesel (version gazole), voilà l’objectif. Et l’argument avancé étant de limiter les rejets de Co2. Sauf que le carburant se consomme chez nous, et la production de ce biocarburant se joue en Afrique, là où les surfaces agricoles dédiées sont colossales. La terre achetée pour une bouchée de pain, désormais dans les mains des asiatiques, européens, n’est plus allouée aux cultures vivrières, pour nourrir les populations. Moins de cultures et les prix flambent, rendant la nourriture trop chère pour ses habitants déjà en souffrance. L’eau nécessaire à la culture du Jatropha prive les Africains d’une source précieuse. Et les traitements chimiques sont en train de polluer les sols. L’or vert a bien mauvais goût !

L’imprimante 3D ? Créer n’importe quel objet à la maison : économie ou gâchis ?

Depuis son canapé, chacun pourra créer son objet, sans recourir à la fabrication industriel. Une révolution ? Un simple PC équipé d’un logiciel PAO et c’est parti. Fini les séries, les pièces standardisées, place à la personnalisation. Sauf que, … dans l’artisanat il y avait le lien avec la main, le savoir faire de l’homme. Et là plus besoin de main. La main d’oeuvre n’est plus nécessaire. Des emplois en moins, (et les machines ne seront pas créées en France ). Une chaine logistique qui va probablement souffrir aussi, avec de tels enjeux sur la production industrielle. Et pour alimenter la machine, du plastique, non recyclable et de l’énergie. A moins que l’on se dirige vers une matière première végétale ? La 1ère machine imprimante 3 D à base d’algues de Bretagne est en cours, baptisée SeaWeed Filament ou SWF. Faudra t il piller la ressource marine ou faire de l’élevage d’algues pour nourrir la machine ? Et que feront nous de ces objets uniques ? Pour la plupart, surement mal fait, du fait d’un tâtonnement et qui finiront à la poubelle.

L’erreur de notre société c’est peut être de ne pas faire de choix réels dans une voie environnementale et de si tenir, au lieu de papillonner autour de valeurs pseudo marketo/idéo/scientifiques ?.

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