2014 , vers la fin du gaspillage alimentaire ?

Auteur: admin

2014 , vers la fin du gaspillage alimentaire ?

Selon la FAO (organisation de l’Onu pour l’alimentation et l’agriculture), nous gaspillons chaque année environ 1300 milliards de tonnes de produits alimentaires, soit près d’un tiers de la production mondiale.

Contre cette invraissemblance, un mouvement d’engagés a vu le jour aux Etats-Unis, en 1999, et gagne peu à peu l’Europe au plus fort de la crise économique, en 2008. Le freeganisme (gratuivorisme ou « philosophie » du déchétarien). Consiste à se servir dans les poubelles des magasins, boutiques, Grande Disribution, en produit peu ou pas périmés, mais que les enseignes jettent quand même comme ils sont jugés « invendables ».

Pour ces activistes, responsables associatifs, écologistes ou altermondialistes, l’objectif est autant de faire des économies que de lutter contre un gaspillage alimentaire à l’outrance. Pourquoi jeter un sac de 2kilos de pommes si seulement l’une d’entre elles est abîmée ? Pour la grande distribution, qui gère son stock selon la formule comptable « pertes et profits », cela ne change rien, mais pour les plus démunis et notre planète, cela change tout. Il fallait beaucoup de courage et d’audace pour prouver à la grande distribution ses erreurs, en fouillant ses poubelles, néanmoins, cela a fait bouger les choses.

2014 a été déclarée par l’union européenne année de la lutte contre le gaspillage alimentaire. A ce titre, voici quelques initiatives intéressantes qui, si elles sont couronnées de succès, montre que l’audace finit par payer, comme disait Danton.

Intermarché : les fruits et légumes moches séduisent !

La première mobilisation du genre contre le gaspillage des enseignes « conventionnelles » a été la campagne d’Intermarché pour les Fruits et Légumes moches. Une initiative couronnée de succès dans l’hypermarché de Pontaut Combault (77), où les consommateurs ont été sensibilisés et incités à acheter des fruits et légumes qualifiés d’inesthétiques à un prix 30% moins cher. Outre la présence des cultivateurs lors d’un week-end dédié en mars dernier, des soupes et des jus ont été préparés à partir de ces produits afin de démontrer leur qualité gustative. Un affichage et des slogans bien pensés ont accompagné l’opération qui a été largement relayée sur les réseaux sociaux. Récemment, la campagne s’est même vue déclinée en anglais dans un film parodique « inglorious vegetable ». Moche is the new chic !

CORA : la jeunesse innove contre les dates de péremption

Comment trouver des solutions innovantes aux problèmes actuels ? Dans le cadre d’un projet école-entreprise baptisé Challenge Créativité, 3 jeunes ingénieurs de l’école des Mines d’Alès ont réfléchi à la revalorisation des produits périssables et aux dates limites de consommation (DLC/ DLUO).nDepuis début juillet 2014, la société CORA teste donc dans ses magasins d’Alès et de Limoges un nouveau dispositif de merchandising et de signalétique basé sur la responsabilisation de tous. Si certaines enseignes proposent des réductions sur les produits à « date courte », il s’agit ici de réintroduire ces produits dans le circuit, sensibiliser le consommateur et rendre ces denrées plus attractives. Ecologiquement, l’initiative est louable ; économiquement elle est même rentable !nPour Olivier DELESCLUSE, qui dirige l’hypermarché CORA d’Alès : «Ce merchandising new look apporte à nos rayons beaucoup de dynamisme et va faire économiser 50 000€ par an. L’état-major de CORA va d’ailleurs mettre en œuvre ce dispositif dans 30 autres magasins. En plus, le personnel de nos magasins a immédiatement adhéré à cette innovation. Je salue donc la créativité et le sens des réalités de ces 3 jeunes élèves-ingénieurs : leur dispositif crée de la valeur économique et sociale ».

En plus de la signalétique, voici quelques exemples de slogans imaginés par les élèves: « Sois malin, mange-moi demain », « Cabossé mais bien conservé », « Je ne suis pas caillé, tu peux y aller », « Osez, même si la fin n’est pas loin ! »…

Ci-dessous une vidéo réalisée pour la soutenance des 3 élèves-ingénieurs.

Les enseignes bio : la bonne conduite des consomm’acteurs

Dans les enseignes bios, ce ne sont pas les mêmes problématiques. Les consommateurs sont bien évidemment plus « éveillés » sur les dates de consommation, ou les fruits « moches », néanmoins tout est fait pour limiter au maximum le gaspillage alimentaire.

Dans un autre domaine les magasins bio s’attachent depuis des années à promouvoir le vrac. Ce mode de consommation permet de proposer des produits jusqu’à 30% moins cher, de réduire les emballages (les bouteilles sont réutilisées), ainsi que le gaspillage (en adaptant la quantité souhaitée). Il permet également de développer la production agricole biologique en construisant des filières françaises d’exploitation (notamment les graines de tournesol)nDepuis le début de l’année et jusque septembre 2014, le magasin Biocoop « Saveurs & Saisons » de Villeneuve d’Ascq (Nord pas de Calais), teste le vrac liquide en alimentaire avec la mise à dispositiion d’huiles (olive, colza, mélange…) de vinaigre, ou de vin…nLa Biocoop Scarabée de Rennes teste également un système de distribution automatisé inspiré du concept déjà proposé pour les produits d’entretiens écologique comme la marque Etamine du lys.

Bientôt dans vos supermarchés ? Quand la législation s’en mêle…

On se souvient de Frédéric Daerden, ce bourgmestre d’Herstal en Belgique qui avait soumis un supermarché à l’obligation de don de ses invendus à des associations. L’initiative, qui avait enthousiasmé les écologistes, est le point de départ d’une nouvelle proposition de loi contre le gaspillage alimentaire, en France. L’objectif est d’inciter les enseignes de la grande distribution à donner leurs invendus à des associations caritatives plutôt que de les jeter. Il faudra suivre de prêt les débats et ce qu’il en ressort, comme cette proposition est d’ores et déjà controversées, autant par les entreprises que les écologistes et les associations. En attendant, nous pouvons nous réjouir que les industriels de la grande distribution cherchent des solutions économiquement durables et écologiquement acceptables.

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