Une étude de l’Agence bio rapportait en juillet dernier que 59% des restaurants collectifs (cantines scolaires, restaurants d’entreprises…) servent des produits bio. Mais cette proportion s’élève à 79 % selon les auto-déclarations des établissements scolaires. L’introduction des produits biologiques dans la restauration collective constitue l’un des axes d’actions du plan « Ambition Bio 2017 » visant à favoriser le développement de l’agriculture biologique. Ce sont les cantines du secteur public qui plébiscitent en majorité la bio (70%) devant le privé (44%), et l’étude montre que les produits bio sont davantage introduits au sein des grosses et moyennes structures (72 % de celles de plus de 500 repas par jour en proposent), et, fait notable, dans celles ayant les budgets alimentaires les moins élevés (66 %).
Fraicheur, qualité et origine : le trio gagnant de la bio
En moyenne, chaque établissement introduit environ 5 familles de produits bio différentes, mais ce sont les produits frais qui tirent leur épingle du jeu, notamment : les fruits frais (85%) , dont les pommes à 81 %, les produits laitiers (78 %) et les légumes frais (75 %) avec une forte part de carottes (68 %), crudités (47 %), tomates (46 %) et salades (41 %).
La saisonnalité demeure le premier critère de choix d’un fournisseur de produits bio pour 86 % des établissements; par ailleurs, les établissements déclarent à 83 % acheter des produits bio d’origine française, et ils sont 79 % à privilégier les produits régionaux. En effet, le choix du bio de proximité permet à la fois de réduire les coûts liés aux transports, d’assurer aux producteurs un revenu régulier et souvent de recréer du lien entre les enfants et le monde agricole. La France reste un pays attaché à ses valeurs « terriennes ». Combien de fois avons-nous entendu nos parents vanter le bonheur des vacances à la campagne dans une ferme familiale, et la nostalgie de voir nos enfants être élevé dans un environnement de béton sans connaître la provenance de ce que nous mangeons? Par ailleurs, le choix du bio dans les cantines peut également inciter les producteurs à commencer leur conversion vers des produits bio, avec des garanties de volumes d’achat notamment.Au-delà de l’aspect environnemental, introduire du bio en cantine peut lutter contre la « fracture sociale » , notamment en offrant à des familles un accès à des produits et des goûts qu’ils ne connaissaient pas.
Ces collectivités qui font le choix du bio
De plus en plus de communes, départements et de régions ont décidé d’introduire des produits bio dans la restauration scolaire ou d’élargir la gamme proposée aux élèves. Ces initiatives témoignent d’une volonté de s’engager dans la voie du développement durable, en donnant une place croissante aux aliments produits ou transformés dans le respect de l’environnement. Les méthodes varient d’une cantine à l’autre, selon le mode gestion, le cuisinier ou l’implication des services. Certains choisissent d’organiser des repas 100% bio, d’autres d’introduire progressivement un ingrédient bio puis d’en augmenter le nombre et la fréquence. La démarche est très souvent accompagnée d’actions pédagogiques pour sensibiliser les enfants aux questions d’environnement, de bien?être animal et de biodiversité ainsi qu’à l’importance d’une alimentation équilibrée comprenant en particulier des produits frais, de saison et de proximité dans la mesure du possible. Souvent l’introduction des produits bio dans la restauration collective amène une réflexion globale sur la manière d’assurer les approvisionnements, de préparer et de structurer les repas, sur l’environnement et le développement durable de l’établissement.
La bio en restauration collective, à chacun sa formule !
Dans chaque région de France, en moyenne une cinquantaine de lycées et collèges ont introduit des produits biologiques dans la restauration collective de leurs établissements. Pour les lycées, des initiatives fortes ont vu le jour. Elles ont été formalisées par des chartes dans quelques régions, en particulier : en Alsace où les démarches sont engagées depuis longtemps, cette impulsion a été donnée dès 2008 et la part des composantes bio du repas s’élève de 20 à 44% ; en Bretagne depuis 2009, des lycées sont accompagnés en partenariat avec la Fédération régionale des agriculteurs biologiques dans le cadre de la Charte « Au menu demain ». Il en est de même en Ile de France.
Deux départements sont en pointe pour la bio en restauration collective :n- dans le Gard, la démarche a été engagée dès 1994 : 17 collèges proposent jusqu’à 28,5%de bio dans leur restauration ;n- dans la Drôme : l’Opération « Manger mieux, manger bio » a démarré en 2005. Au final, les 36 collèges (18 500 élèves, 1,7 million de repas par an) ont introduit des produits biologiques : les composantes des repas sont bio à plus de 25%.
100% bio à la cantine, c’est possible
Pour preuve que le bio en restauration collective à le vent en poupe, Ecocert a lancé un label « En cuisine ». Ce label aide les professionnels à développer une restauration plus « bio, saine, locale et durable », grâce à un questionnaire d’auto-évaluation, des fiches pratiques et un annuaire de professionnels pour les guider dans leur démarche.
Néanmoins, dans certaines communes, de taille moyenne ou vraiment petite, il a été fait le choix de repas 100% bio. A Mouans Sartoux – 10 300 habitants – ainsi qu’au Rouret – 3 900 habitants – dans les Alpes-Maritimes (Provence-Alpes-Côte d’Azur), la bio est introduite respectivement depuis 1999 et 2000. Elle y représente 100% de la valeur des achats pour la restauration collective. Au 1er janvier 2014, l’objectif 100% bio a été atteint pour les écoles de Saint-Etienne (3 500 repas par jour). 41% des approvisionnements sont assurés en circuit court. Les personnes âgées inscrites au portage des repas à domicile et les enfants des 24 crèches communales bénéficient de repas à 70% bio (cf. une Minute Bio).
Et pour les communes de plus grande envergure, la bio s’est installée dans des proportions significatives, avec l’objectif d’aller toujours plus loin : 30% ou plus à Marseille (69 000 repas pa rjour) calculé en nombre de composantes bio des repas, Toulouse (29 000 repas par jour), Lyon (21 000 repas par jour), Brest (6 000 repas par jour) et Lorient (4 200 repas par jour) de l’ordre de 20% de produits bio sont introduits à Paris (22% dans les écoles, 37% dans les crèches).
Un surcoût de plus en plus maîtrisé
Pour 80% des établissements, les produits bio génèrent un surcoût de 19 % en moyenne (une baisse significative depuis 2011 où il était de 26 %!), celui étant “lissé” pour 67% d’entre eux sur l’ensemble des repas. Pour continuer de proposer des produits bio sans grever le budget des ces structures collectives, 7 établissements sur 10 ont cherché à réduire les frais liés au bio notamment : en limitant le gaspillage (88 %), en travaillant sur l’éducation alimentaire (66 %), en mettant en concurrence les fournisseurs (66 %), en remplaçant certains produits par d’autres moins coûteux (65 %), en passant des partenariats au niveau local (63 %), en groupant les achats (62 %).
Des actions de sensibilisations ludiques pour accompagner le développement de la bio
L’introduction des produits bio dans les restaurants scolaires et la sensibilisation des enfants sur l’agriculture biologique s’amplifie à mesure que des exemples démontrent de la réussite des processus. De nombreuses démarches sont engagées par un ensemble de partenaires, et les initiatives proposées par l’Agence BIO visent à compléter les actions existantes.
> Le projet “Les Petits Reporters de la Bio”, 3ème édition
Face au succès des deux précédentes éditions, l’Agence BIO envisage de lancer une troisième édition de ce concours. Ouvert aux classes du CE1 au CM2 et aux groupes d’élèves constitués dans le cadre des activités périscolaires, il consiste à créer un journal de 4 pages sur le thème de l’agriculture biologique. Cette initiative est une occasion de rassembler les enfants autour d’un projet pédagogique motivant centré sur l’agriculture, l’élevage et l’alimentation.
Par ailleurs, l’Agence BIO propose ses supports pédagogiques aux professeurs des écoles, conçus en lien avec les programmes de Sciences et d’Éducation au Développement Durable : un kit pédagogique de sensibilisation pour les enseignants, des dépliants ludo-pédagogiques pour les enfants.
Les établissements qui font le choix du bio à la cantine essayent également de l’inscrire dans une démarche globale de sélection de produits plus sains. Le programme Eco-Ecole, dont l’alimentation est une des composantes e permet d’élargir à tous les thèmes du développement durable : les solidarités, la biodiversité, l’eau, l’énergie et les déchets. Le programme Eco-Ecole permet également d’impliquer partenaire et prestataire de la vie à l’école, en choisissant par exemple des produits plus respectueux de l’environnement… Les sociétés de ménages (professionnels et à domicile) proposent désormais des alternatives bio, et les crèches sont de plus en plus sensibles à la qualité et la non toxicité des produits utilisés. Il existe plusieurs sites web marchand destinés aux professionnels de la petite enfance qui proposent des produits dont: http://macape.org/ .
Bientôt dans toutes les écoles ?