Alors que la ministre de l’Education Nationale a dévoilé le mois dernier son plan avec la suppression des notes et la redynamisation des Zones d’Education Prioritaire, galamment renommée “Réseaux d’Education Prioritaire”, les constats sur l’école sont accablants : baisse de niveaux, programmes dévalorisés, fatigue des enfants, professorat humilié, ascenseur social en panne… L’école républicaine répond-elle encore aux attentes de notre société? Les savoirs et les valeurs qu’elle transmet sont-ils toujours ce que nous souhaitons pour nos enfants? Que vaut encore le saint-graal de l’éducation, le baccalauréat, quand les tweets post-résultats révèlent un niveau affligeant en français ?
Face à un système scolaire sclérosé par sa technocratie et la diplomatie ministérielle qui tire le niveau global vers le bas, de plus en plus de famille font le choix d’une autre école.
En France, plus que l’école, c’est l’instruction qui est obligatoire. Si les établissements privés ont longtemps été la seule alternative à l’école publique, il existe désormais d’autres systèmes qui se démocratisent, comme l’école à la maison avec un suivi de cours par correspondance ou bien des écoles privées “hors contrat”, à la pédagogie réellement différente, qui offrent une autre dimension à l’apprentissage que la scolarité.
L’instruction parentale, ou école à la maison
Souvent choisie pour des raisons pratiques (incapacité de se rendre dans un établissement pour cause de handicap, d’itinérance ou d’éloignement) plus qu’idéologiques, l’école à la maison reste marginale en France. Cependant, pour peu que l’un des parents ne travaille pas et qu’il ou elle a un niveau scolaire lui permettant d’expliquer et de transmettre ses connaissances, l’école à la maison reste une solution qui permet d’harmoniser les contenus enseignés avec un rythme adapté à l’enfant. D’après le ministère de l’Education Nationale, l’école à la maison ne concerne que 0,22% des jeunes âgés de 3 à 16 ans, et 75% d’entre eux étaient inscrits au CNED (Centre Nationale d’Etude à Distance), soit seulement 3.297 élèves instruits à domicile sans inscription déclarée à un organisme d’enseignement. Néanmoins, pour lutter contre les soit-disant communautarismes, ou “l’instruction sauvage » il existe déjà une loi qui limite l’instruction à domicile aux enfants d’une même famille.
Les établissements scolaires indépendants
Si l’école a encore de beaux jours devant elle, c’est, il faut l’avouer, parce qu’elle est “gratuite” et que la collectivité a toujours été attrayante pour les parents. Il suffit de voir à quel point les familles françaises (NDLR: et moi la première!) se disputent une place en crèche, alors que les enfants ne jouent pas encore ensemble mais l’un à côté de l’autre. De plus, tout le monde n’a pas la fibre pédagogique ou le temps de s’occuper de l’instruction de ses enfants. On connaissait les écoles privées sous contrat avec l’état, mais de plus en plus d’établissements scolaires privés indépendants ou “hors contrat” avec l’état voient le jour. Selon la Fondation pour l’école, 50 000 élèves sont actuellement scolarisés dans 600 établissements privés hors contrat. A la rentrée 2013, 37 nouvelles écoles hors contrat ont ouvert leurs portes, contre 19 en 2010. Ces établissements définissent eux-mêmes la pédagogie et le projet éducatif.
Basé près de Toulouse, le Cour Molière rappelle que les établissements privés sont soumis à un régime d’inspection. Chaque établissement conserve son caractère propre par la définition qu’il donne de la vie scolaire dans son règlement intérieur mais sont toujours soumis au contrôle de l’État. Ils peuvent être liés à l’État par un contrat (« sous contrat ») ou non ( « hors contrat »). Paradoxalement, l’indépendance financière de ces établissements implique qu’ils sont d’autant plus exigeants et fonctionnent selon une culture du résultat, bien plus que dans les établissements publics. En effet, leur survie dépend intégralement de la satisfaction des familles, plus que des élèves eux-mêmes, et des résultats finaux aux examens, qui sont le nerf de la guerre “scolaire” dans la plupart des cas.
L’éducation bienveillante et le « système scolaire »
Cela dit, il existe de véritables alternatives au système scolaire normatif, notamment parmi les adeptes d’une pédagogie douce, qui replace l’enfant dans un système de découverte individuelle, avec un travail sur la responsabilisation plutôt que la punition. La Ferme des Enfants créée en 1999 par Sophie Rabhi, fille de Pierre Rabhi, fait en cela office de précurseur. Inspirée par la pédagogie Montessori, qui prône le respect de l’enfant pour qu’il développe le respect des autres, Sophie Rabhi évoque dans un beau témoignage son parcours avec cette école alternative point de départ d’un éco-village, les heurts rencontrés mais aussi le succès, qu’elle constate quotidiennement avec ses enfants devenus grands. Le projet de Sophie Rabhi accueille désormais une cinquantaine d’enfants en cycle primaire et 20 adolescents au collège. Les parents qui font le choix d’une telle scolarisation, en se rapprochant de l’école ont également permis de créer un éco-hameau, le Hameau des Buis, d’une vingtaine d’habitations.
Cependant, la recherche d’un système d’éducation bienveillant, avec plus de liberté laissée à l’enfant, n’est pas nouvelle. En Europe, on peut citer les exemples de la Summerhill School en Angleterre, fondée en 1921 avec une pédagogie anti-autoritaire. Elle est moins écologiste que libertaire, mais défend un point de vue passionnant à beaucoup d’égard. Et, en Allemagne, pendant la République de Weimar (entre deux guerres), 4 établissements de type communautaire (libertaire) ont également été instaurés pour accueillir plus de 25.000 élèves à Hambourg.
Connaissez- vous des personnes dans votre entourages ayant fait ce choix ? En tant que parents êtes vous tentés par une autre approche de l’apprentissage “scolaire” ?