Associée à de l’élevage intensif ou bien en liberté dans la cour d’une ferme, une poule a pourtant le caractère idéal pour vivre en ville, en plus d’avoir un régime alimentaire facile à prodiguer! Et c’est, en effet, un argument de poids pour inciter à la réintroduction de la poule : elle peut picorer jusqu’à 150 kg de déchets alimentaires par an! Une façon simple et éco-friendly de réduire significativement le poids des déchets organiques !
D’ailleurs c’est cet avantage certain dans la lutte contre le gaspillage alimentaire et les déchets qui a poussé plusieurs territoires à proposer à leur concitoyens des incitations à accueillir une ou plusieurs poules.
“Ça Roule ma poule”, le Cotentin se donne les moyens.
Baptisée “Ca Roule ma Poule”, l’opération initiée lors de la dernière semaine de réduction des déchets par Cotentin Traitement (établissement public de collecte et traitement des déchets de 8 communes du Cotentin) vient tout juste de commencer. Les 15 candidats retenus se sont vus offrir un couple de poules pour tester, grandeur nature, l’impact de ces nouveaux animaux de compagnie sur le volume des déchets organiques.
Avant de lancer “Ça roule ma poule” Cotentin Traitement a estimé qu’un habitant résidant sur le territoire produisait environ 220 kg d’ordures ménagères dont près de 88 kg de déchets putrescibles. Pour Marie-Charlotte Legoupillot, ambassadrice de tri du Syndicat mixte Cotentin Traitement, en charge de l’opération Ça Roule Ma Poule, “on connaissait déjà le compostage. Pour toucher un public plus large, Cotentin Traitement a voulu se lancer dans une nouvelle expérience et proposer à des familles d’adopter deux poules afin de voir leur impact sur la gestion des déchets. Une poule seule pourrait suffire pour réduire les ordures ménagères d’une famille mais toute seule elle s’ennuie ! Donc il est préférable d’avoir 2 poules au minimum.”
La ruralité historique du Cotentin n’a pas opposé de frein à l’opération, et les poules sont des animaux finalement accommodants qui supportent bien un petit jardin, soit peu de limitation pour le choix des adoptants.“ Nous avons décidé de choisir plusieurs profils de familles : personnes âgées seules, famille avec des enfants adolescents ou en bas âge, jeunes couples. Car selon le type de foyer la production d’ordures ménagères va varier (parfois du simple ou double). Majoritairement ces familles sont déjà sensibles au sujet de l’environnement (tri sélectif, compostage, …) mais à différents degrés. Nous avons une famille qui s’est mise au tri sélectif, grâce à l’opération, et c’est d’autant plus bénéfique!”
Dans l’attente des résultats de la pesée fin mai, Cotentin Traitement peut d’ores et déjà capitaliser sur une meilleure image de son action sur le territoire, et aborder une nouvelle manière de parler des déchets et de leurs sujets connexes comme le gaspillage alimentaire ou la consommation des ménages.
“Grâce à cette opération, nous allons pouvoir communiquer sur un moyen « sympathique » de réduire ses déchets. A long terme, notre objectif est de réduire la facture du traitement des ordures ménagères, puisqu’on limite les quantités de déchets à transporter, enfouir et traiter. Le secteur des déchets est parfois associé à une image « dégradante », ce sont toujours les mêmes sujets qui reviennent et dont la population se lasse.“A l’heure actuelle, il n’est pas certain que l’opération soit poursuivie l’année prochaine “mais pourquoi pas avec un autre sujet qui permettrait de réduire le poids des ordures ménagères…” précise Marie-Charlotte Legoupillot.
“Réduire ses déchets, c’est pas compliqué”, Limoge à la pointe du DD.
Les poules pondeuses sont généralement vendues entre 10 et 35 € selon les élevages et les races. Et pour les plus patients (et téméraires) les poussins sont encore moins chers (entre 1 et 5€) mais rarement « distingués » : il se peut que votre poulette soit finalement un petit coq ! Alors, certaines agglomérations préfèrent rembourser l’achat de poules et aider au financement du poulailler qui accueillera les gallinacées.
L’agglomération de Limoges, engagée depuis 2011 sur un vaste plan de réduction des déchets et de lutte contre le gaspillage alimentaire et énergétique, propose de nombreuses aides sous forme de participation financière pour favoriser la réduction des déchets. Entre autre, la distribution gratuite de compost, don de composteur et broyeur électrique, don et participation financière pour passer aux couches lavables ou l’adoption de poules. Dans les faits, l’agglomération de Limoges Métropole rembourse 5€ par poule achetée et dans la limite de 2 poules par foyer. Elle rembourse également à hauteur de 50% du prix d’achat d’un poulailler (jusqu’à 50€). Tous les foyers souhaitant adopter une ou deux poules sont donc invités et incités financièrement à le faire!
Selon le service communication contacté, l’opération vient juste de commencer et les demandes de subventions sont de plus en plus nombreuses, avec un objectif affiché de diminuer de 10% la part des déchets en 2020 sur le territoire.
En Région Parisienne, à Montereau Fault Yonne, le Sirmotom (syndicat pour le traitement des déchets) offre 2 poules et un poulailler contre une participation de 20€ . Et les résultats des pesées et des oeufs récoltés semblent être au-delà des espérances, au point que l’opération sera désormais généralisée.
Et le bien-être animal là-dedans ?
Si l’on est végan, la question de la poule (ou de l’œuf) se pose! En effet, pour les végans, toute forme d’exploitation d’une espèce par une autre est à bannir. C’est pourquoi ils adoptent un régime végétalien strict. Ils refusent les produits testés sur les animaux, ainsi que ceux à base de miel, propolis, de lait de jument ou d’ânesse. Ils choisissent des chaussures sans cuir et des pulls sans laine, etc. Ils aiment les animaux et en adoptent avec plaisir. La poule serait-elle moins acceptable qu’un chat ou qu’un autre animal? Évidemment, il y a plusieurs courant de pensées et globalement, prendre les œufs d’une poule c’est la voler. Cependant, pour Océane, végane, le débat sur les poules et leurs œufs est légitime. Actuellement, “les végans vont dire très radicalement que « les œufs c’est pas végan, la question se pose pas ». Pour moi si la poule a un espace de vie suffisant, je ne vois pas où est le problème. Les poules en libertés aujourd’hui auraient des difficultés à survivre : voitures, chasseurs, prédateurs … S’il n’y a pas de coq et donc pas de fécondation, je ne vois pas le mal à prendre ses œufs, quand elle en pond, si elle en pond. Cela prodigue de la nourriture sans avoir à passer par l’achat et la consommation. Par contre je pense vraiment qu’il faut en avoir au moins deux et surtout être bien certain de pouvoir s’en occuper dans le respect de ses besoins et de sa liberté.” Cependant, les végans sont d’accord pour dire que le sauvetage est beaucoup plus vertueux que l’achat auprès de grossiste qui vont également se débarrasser de poussins mâles (dans des conditions aussi horribles que les élevages industriels). Il existe d’ailleurs plusieurs associations qui souhaitent sauver les poules des abattoirs.
Bref, sauver une poule et lui laisser ses œufs, serait une méthodologie compatible à l’éthique végan, même si le libre arbitre s’impose toujours!
Pour aller plus loin, nous avons rencontré deux « propriétaires » de poules, les mieux placées pour nous parler de ces animaux et de l’entretien que cela demande.